C’est l’heure de rénover!

Je pris une grande bouffée d’air avant d’expulser toute l’air de mes poumons, levant mes bras, mes doigts entremêlés, afin de m’étirer. Avec l’argent gagné par les missions, les trafics de contrefaçon et d’armes, j’ai pu acheter du matériel pour m’occuper de la guilde! Éh ouais! Murderers Shadow allait pouvoir enfin avoir un QG digne de ce nom, avec tout l’équipement nécessaire au bon déroulement de nos opérations. Nagisa n’avait jamais eu le temps ou l’intention de rendre la guilde plus autonome, j’allais faire ce qu’il n’a pu faire, voir mieux! Les plans étaient déjà dessinés et les matériaux étaient acheminés petit à petit... Pour être discret, tout de même!

Si on se prenait les légaux sur la figure, je ne donnais pas chair de notre peau. Pour le moment, les travaux actuels se résumaient à creuser le sous-sol de la guilde. Bien évidemment, cela s’annonçait être plus facile à dire qu’à faire. Il fallait prendre en compte le poids de l’architecture, placer des piliers porteurs au fur et à mesure des travaux, s’assurer de ne pas affaiblir le structure,... Pleins de choses compliquées qui feraient durer les travaux assez longtemps. En même temps, si nos chers anciens maîtres de guilde avaient eu la bonté de creuser un sous-sol dès le départ, ça aurait fortement arrangé la chose! Des fois, je me demandais comment ils avaient fait pour être à la tête de l’organisation...

Je veux bien comprendre qu’on doit se faire discret, qu’on doit éviter d’attirer l’attention des légaux sur la guilde et etcétéra mais il doit y avoir un minimum d’investissement. Bien évidemment... Ce n’était pas moi qui allait m’y risquer là-dessous. Non mais vous voyez dans le journal « Le nouveau maître de Murderers, mort enterré sous sa guilde »... Un vrai drame qui m’en donnait des frissons dans le dos! Je laissais cette tâche à nos agents et mercenaires, de toute manière ils étaient payés pour faire le boulot qu’on ne souhaitait pas faire. Si seulement nous étions plus nombreux que ça, les travaux avanceraient à un rythme plus rapide... Cela allait être le boulot de moi et des membres de la guilde de nous faire connaître dans le milieu clandestin.

Pendant que nos hommes se chargeaient de creuser le futur escalier qui mènera au nouveau sous-sol, j’en profitais pour regarder à nouveau les plans alors que Marx me prévient que nous allons devoir laisser tomber l’idée de construire une forge et notre petit plan de secours. Trop cher pour nos fonds... Un autre problème de la guilde qui montrait à quel point le manque d’activité ces derniers temps nous rapporte si peu de capital.

Le travail avançait à un rythme correct, la journée était plutôt chaude, ce qui faisait que la tâche était plus fatigante qu’à l’habitude. Je soupirais, devant attendre qu’ils s’attèlent au creusage de l’escalier. Tout ce que je pouvais faire, c’était m’enfermer dans les dortoirs des membres masculins afin de faire quelques exercices sans être dérangé. Dire que je dormais ici avant, que j’avais été un simple assassin de la guilde... Façon de parler. Maintenant, maître de guilde, je logeais ailleurs dans le QG mais je n’avais pas envie que l’on me dérangeait, voulant être un petit moment seul.

Les lieux étant déserts, c’était parfait pour réfléchir, un endroit calme, en dehors des bruits faits par les travaux. Je m’allongeais sur le sol avant de poser mes avant-bras et lever mon corps pour faire des gainages. Je contrôlais ma respiration, ne respirant ni trop vite, ni trop lentement pour pouvoir endurer les efforts. En même temps, je me mettais à penser aux contrats qui se trouvaient sur le tableau des missions. Il y en avait un petit paquet, de tout genre, pour gagner un bon pactole.

Il y en avait une dont son commanditaire était l’un de nos fournisseurs de marchandises illégales. Il semblait y avoir des petits gêneurs sur leurs routes commerciales, ce qui leur faisait perdre de l’argent. Une autre mission consistait à détruire des preuves qui reliaient l’un de nos agents à Murderers Shadow tant qu’elles n’avaient pas été trouvés... Je me demandais comment il avait fait pour arriver à une situation si compliquée. Les contrats, il y en a toujours. Même lorsqu’un jour on finit tout les contrats sur le tableau, il y en a toujours un pour en placer de nouveaux. Autant se dire qu’on n’avait pas le temps de s’ennuyer!

-Bon... ça suffira...

Je finis par poser genou à terre au bout de 3 minutes, m’asseyant en prenant une bouteille d’eau que j’avais posé à côté de moi. L’ouverture de la porte du dortoir sonnait la fin de ce moment de solitude, l’un de mes hommes demandant mon attention pour la poursuite des travaux, m’ayant cherché depuis une heure.

-C’est bon... J’arrive.

Le lendemain matin,

Les travaux se poursuivaient, l’équipe de nuit allant se reposer alors que l’équipe de jour reprenait la relève. Au moins, les futurs escaliers avaient été creusés, ce qui était un bon début en plus de l’avancée là dessous. Les bruits de pioches, de pelles et l’utilisation de magie, pour ceux et celles qui étaient utiles à cet opération délicate, s’entendaient depuis le rez-de-chaussée. Le hall d’entrée était tout simplement... Dégueulasse. Le passage de nos hommes, chargés de creuser et de sortir chariots ou seaux de terre, laissait des traces de boue, de poussière ou de terre tout simplement.

Et, en plus, l’un de ces gugusses avait glissé tout en faisant tomber tout le contenu de son chariot sur le sol... Bon, c’était un accident comme un autre, les travaux ne pouvaient se passer dans un environnement propre, je devrais plus me préoccuper de mes affaires que de ça. J’eu une petite discussion avec les contremaîtres au sujet de la progression du sous-sol. A part quelques gars qui avaient tenté de glander et d’autres qui avaient voulu aller trop vite dans les travaux au risque d’affaiblir la structure, rien de nouveau. Les contremaîtres s’étaient eux-mêmes chargés de leur infliger une sanction digne de ce nom.

Apparement, on devrait avoir fini une grande partie des travaux du sous-sol d’ici demain ou après-demain. Quelques jours seront toutefois nécessaire pour pouvoir faire l’aménagement de la future salle de torture et d’autres emplacements dont j’en trouverais une utilité un de ces quatre. Je laissa les contremaîtres retourner à leurs occupations. Je m’ennuyais mais à un point, un ennui sans égal... Je pense même que personne ne pouvait autant s’ennuyer que moi! Et moi qui me disait que ça serait intéressant de rester ici pour encadrer et participer aux travaux... J’aurais mieux fait de me taire et de prendre une mission au hasard...

A l’heure du déjeuner, comme à l’habitude, les travaux se stoppèrent pour laisser les hommes se reposer tout en dévorant littéralement leur repas. Ce n’était pas comme-ci on ne les faisait pas travailler des heures et des heures sans repos. De grandes tentes avaient été installés à l’extérieur pour l’occasion, prenant mon déjeuner auprès des membres de la guilde présents et les contremaîtres. Au moins, si je m’ennuyais durant la journée, c’était le seul moment où je pouvais enfin y trouver des choses intéressantes à entendre ou à dire.

Cela faisait plusieurs jours déjà, plusieurs jours que les travaux du quartier général de Murderers Shadow avaient commencés. La bonne nouvelle, c’est que nos hommes avaient terminés de creuser le sous-sol et la salle de torture aussi! Quelle magnifique pièce que nous avons là! Juste assez éclairé pour que l’on puisse se voir, presque plongé dans le noir... Une bonne ambiance assurée pour les futurs tortures qui inaugureront cette pièce! Enfin, il fallait d’abord trouver des personnes pour passer une belle petite fête! J’étais tout excité à l’idée d’en faire usage, vous ne pouvez pas le savoir!

Des petits cachots par-ci, des instruments de torture par-là. Un peu d’acide pour faire ça, un peu de feu pour servir à ceci... Je n’étais pas du tout déçu d’avoir investit pour la guilde. Si jamais de nouveaux camarades, tout aussi frappadingue que Sinora et moi, nous rejoignent, ils auront de quoi s’amuser chez nous. Je jetais un petit coup d’œil à la fin des travaux à ce niveau avant de remonter par les nouveaux escaliers pour me retrouver au rez-de-chaussée. On avait fait exprès de placer des escaliers sous les... escaliers qui mèneront à l’étage supérieur. Oui, c’est pas encore au point car je compte demander à nos hommes, plus tard, de faire des portes cachées pour accéder au sous-sol.

Le premier étage était en construction, un agrandissement supplémentaire pour le QG. Le rez-de-chaussée était déjà composé du grand hall habituel et des dortoirs. Il était nécessaire d’agrandir la guilde pour accueillir les documents et systèmes de communication que j’avais commandé. Une chose était sur, les risques étaient moins grands d’un coup quand on se trouvait pas sous terre! Si il arrivait une bourde, les dommages ne seront pas aussi importants... Enfin, peut-être... En tout cas, ce n’était pas une raison pour faire une connerie en si bon chemin. On pourra compter sur moi pour punir ceux qui oseraient foutre en l’air le chantier.

Je ne m’attarda pas plus que nécessaire au futur étage, reportant mon attention sur la porte de la guilde qui était en train d’être démontée pour la future porte blindée qui prendra sa place. Nous l’avons reçu, il n’y a pas très longtemps, et ça allait bientôt être une histoire ancienne. Je m’approchais de l’entrée, les deux parties de la porte blindée au sol, passant au-dessus pour rejoindre les personnes regroupées. Les hommes n’attendaient plus que les ordres pour les soulever à l’aide de cordes et poulies. Au signal, ils se mirent à lever la porte blindée alors que d’autres s’occuperont de la fixer à la place de l’ancienne porte.

Cela allait faire une semaine que le chantier avait débuté, à partir d’aujourd’hui. Le temps passait assez vite lorsqu’on avait de quoi s’occuper. Comme je l’avais dit, il y a un certain moment, je me suis mis également à l’ouvrage. Je ne vous cacherais pas le fait que j’avais encore cette envie de prendre une mission random mais laisser le QG dans cet état ne serait pas raisonnable du tout. Et puis, vu qu’il n’y avait plus de risque pour ma sécurité, plus rien ne m’empêchait de me mettre au boulot. J’avais glandé bien assez, je commençais déjà à me ramollir avec le manque d’action, le manque d’activité.

Briques après briques, le QG ressemblait de mieux en mieux à un quartier général digne de ce nom. Ce n’était qu’un début mais, au moins, de nouvelles cartes étaient désormais en la possession de nos membres. Si on prenait pour exemple la salle des communications, il s’agit-là d’un atout majeur pour communiquer avec nos membres et nos cachettes. L’avantage dans une guerre revenait toujours à celui qui se préparait en avance. La perte d’un combat est quasiment... Non, toujours dû à un manque d’organisation ou de prévention.

Les archives, c’était la salle la moins compliquée à mettre en place. Par contre, faire parvenir des copies ou des orignaux des documents qu’on pu en tirer nos informateurs... Il n’en aura jamais une fin. Il faudra penser à rester attentif à ce propos, on peut rapidement remplir une bibliothèque. Quand à la salle des communications, ce qui était le plus compliqué c’est d’établir un lien avec les lacrimas de communication, créer un « réseau » entre chacune d’entre elle... Quelque chose qui prendra encore du temps à se faire.

Tout était en ordre désormais, le travail fourni pour les travaux du QG était enfin arrivé à son terme. Après des jours, des semaines mêmes, de dur labeur, il ressemblait à ce que je m’étais imaginé. Enfin, il y aura encore des choses à installer, des salles à construire et... Je ne vais pas tout dire non plus, dévoiler tout mes plans en avance se révèlerait plutôt ennuyeux, n’est-ce pas? Bref, nous aurons besoin d’une bonne somme d’argent pour continuer de rénover notre quartier général et... Comme tout le monde le sait, l’argent ne tombe pas du ciel. La vie serait tellement plus facile si c’était le cas mais la vie est toujours aussi compliquée.

A l’aide de la salle des communications, nous avons pu prévenir notre réseau, dans Fiore, de la finalisation du QG. La salle des archives commençait à se remplir de bouquins divers, allant d’informations sur des personnes particulières, qui requièrent l’attention de nos membres, jusqu’aux guildes officielles. Et oui, bien que nous n’ayons pas la possibilité de fouiner chez eux, nous avons des hommes postés un peu partout, cachés dans la foule, pour surveiller ce qui se passait dans les villes... Mais aussi pour recruter de nouveaux hommes de main pour notre glorieuse organisation en extension.

Je prenais un petit déjeuner dans un bar, réfléchissant tranquillement à ce qui allait s’en suivre. En tout cas, j’étais ravi de voir que nous avions fait un pas en avant. La guilde avait grandement besoin d’un leader qui mettrait enfin la guilde en activité comme il faudrait. Ce n’était plus qu’une question de temps avant que nous ne nous faisons entendre comme il se doit.