The beginning [PV Shiro]

« Magnolia ». Le fait unique de prononcer le nom de cette ville réveillait en moi les frissons des contes de mon enfance. Je n’y avais encore jamais mis les pieds, et mon cœur battait la chamade, impatient de découvre chaque recoin de cette ville. Terre de Fairy Tail, je savais que j’allais marcher sur les pas des figures que j’admire tant, dont Mavis. Lorsque la sonnerie d’arrivée du train retentissait, je fus la première à être devant la porte du wagon, attendant impatiemment que celle-ci s’ouvre. Le premier pas à l’extérieur, sur le quai de gare, fut pour moi comme une bouffée d’oxygène après plusieurs secondes à suffoquer.

Malgré mon attirance pour visiter cette ville, je ne m’étais pas éloignée de Shiro. Admirant de loin ses bâtiments à l’architecture médiéval, un léger sourire amusé se grava sur mes lèvres. J’avais lu tant de livres sur Magnolia, et je me rendais à l’évidence que tout était véridique.

Après avoir déambuler dans les rues, nous arrivions enfin à destination. First Wing se dressait devant moi. Je m’étais arrêtée, restant immobile en observant chaque détail qui composait sa façade. Lorsque je franchirai la porte d’entrée, je savais à l’avance que je devrais faire de redoutable effort pour ne pas décevoir Shiro.

Ayant quelques pas d’avance sur Shiro, je me tournais en sa direction, le laissant prendre les devant pour les événements à venir.

La porte de la guilde s’ouvra devant Shiro. De nombreuses personnes sont présentes. Il rentre, je rentre. Je veux sortir et pourtant, mes pas me rapprochent de la foule. Ils me saluent, ils s’approchent. Il y en a tellement, ils m’encerclent. J’ai l’impression de me noyer au milieu de tous ces visages, et je perds chaque seconde de plus, un peu de mon envie de rester en ces lieux, l'envie de vivre cette chance qui m'a été réservé, l'envie d'écrire mes pas sur un sol qui n'est pas encore foulé. Instinctivement je fermais les yeux pour me reprendre et me contrôler. Rien. J’ouvre de nouveau les yeux. Tout devient vague, tout devient noir, tout devient sourd. Ma tête bourdonne, mon cœur s’emballe. Je me sens oppressée. Comme si tous mes organes se noyaient et luttaient pour respirer. Je revois ces banquets que mon père organisait. Des murmures, des cris, des hurlements, et des bribes de paroles me parvenaient, occupant petit à petit tout mon esprit, chaque parcelle de mon cerveau se transformait en un cimetière de mots qui tuait mes pensées. Je revois les coups qu’il me portait.

La terreur m’a envahie. Je n’osais ni bouger, ni presque respirer. J’avais le sentiment que le moindre mouvement allait déclencher un effondrement.  Mais il y avait quelqu’un. Quelqu’un d’autre. Je n’étais plus seule. Je le savais. Une main s’était posée sur la mienne. Une lumière blanche soudaine abattu l’obscurité qui m’enchaînait. De nouveau, j’apercevais la foule. De nouveau, j’apercevais Shiro. Je me rendis alors à l’évidence que je n’étais pas encore prête pour me fondre dans la masse, que j’étais incapable de briser la glace qui me séparait des autres.

Mes mains moites prirent le verre que l’on me tendait, et je l’avalais d’une traite comme si je n’avais pas bu depuis des jours. Shiro me proposa de faire le tour de la propriété, c’était ma sortie de secours. J’acceptais d’un hochement de tête, et le suivi jusqu’à l’extérieur de la salle d’entrée. Il n’y avait plus personne. La pression redescendu et mes muscles se décontractèrent. Je respirais de nouveau.

« Je ne peux pas Shiro. » Annonçais-je avant de me tourner face à lui « Tous ces gens… » continuais-je sans pour autant trouver mes mots.

Aussitôt de nouveaux pas résonnèrent dans le couloir, aussitôt Shiro me guida jusqu’à l’étage supérieur. Une fois entrés dans une nouvelle salle, Shiro ferma la porte, et m’expliqua alors le rôle que jouait cette pièce. J’hochais la tête à ses paroles. En soit, ce n’était pas la foule mais plutôt leurs regards qui me dérangeait. Toutes les informations annoncées par Shiro furent entendues, en particulier l’emplacement de son bureau. Souvent, lorsque j’accédais à celui du maître, celui-ci me sermonnait ainsi : « seul le propriétaire du bureau y a accès, aucune intrusion ne doit être faite pendant son absence. » ; c’était peine perdue, je recommençais toujours.

Tout en suivant Shiro du regard, qui se posta auprès d’une fenêtre, je me mise assise sur le bord la table de réunion. Shiro s’approcha alors de nouveau. Je fixais avec insistance Shiro, lorsqu’il termina sa phrase et approchais mon visage du sien, analysant son expression avant de reculer. Avait-il peur d'avoir mal agit ?

« Ah ! Le cœur de Lyriah se brise. » dis-je en portant ma main sur le côté gauche de ma poitrine, en laissant mon corps s’allonger sur la table quelques secondes, avant de revenir dans ma posture initiale « Sauf que Lyriah n’a pas de cœur. » continuais-je en haussant les épaules.

Oui, souvent dans ce genre de situation, les personnes normales se lancent des blagues. J’avais tenté de faire de même, mais bien vite je repris la parole.

« Si tu es là, alors tout va bien. » dis-je en me forçant de lui adresser un léger sourire aux coins des lèvres tout en continuant « J’ai promis au Maître de faire des efforts pour toi. Et puis… je n’ai pas le choix. On abandonne tout ce qui est inutile ou qui est problématique, alors je ne dois pas l’être pour toi. »

Je l’écoutais avec attention, les yeux droits dans les yeux. Des amis ? Des personnes voulaient-elles réellement créer ce lien avec moi ? Je n’en étais pas certaine. Comment des personnes pourraient-elles m’accepter alors que je ne suis pas capable de faire un pas de sympathie avec des inconnus, que je ne suis pas capable de décrocher un mot et de faire preuve de la moindre empathie ?

Une mèche de mes cheveux s’enroula autour de index, tournant autour de celui-ci pendant que je ne lâchais pas d’une oreilles les paroles de Shiro, même si mon regard n’était plus porté sur lui. Un soupire s’échappa d’entre mes lèvres. Ce n’était pas si simple, rien n’était simple. Je me retrouvais face à un monde que je ne connaissais pas, ou du moins pas en réalité. Mes yeux bicolores se posèrent de nouveau sur Shiro lorsqu’il parla d’une future rencontre. Aussitôt, j’aperçu un changement d’expression de la part de Shiro. Ce n’était pas la première fois que je voyais cette expression sur son visage, et dans beaucoup d'ouvrage que j'avais lu, cette description de cette expression était présente.

« Shiro est amoureux. » Dis-je soudainement. « Beaucoup de personnages connus, citent que l’amour est la plus belle chose qu’on puisse ressentir. Autrefois, moi aussi je ressentais cette chaleur qui enveloppais délicatement mon cœur » continuais-je en ayant le regard ternis et vide « Mais l’‘’Amour’’ te poignarde bien avant que tu ne t’en rendes compte. Elle te détruit. »

Je me relevais et me mit debout face à Shiro. Je tendis la main, pour prendre dans mes doigts la pierre d’émeraude qui figurait sur le collier, autour de son cou, que je lui avais offert à Crocus. Tout en examinant les facettes de cette pierre précieuse, que je connais pourtant bien, je repris la parole avant que Shiro ne le fasse.

« Je ne suis peut-être pas comme tout le monde, je ne ressens peut-être rien, mais je sais analyser. Analyser me permet de comprendre le comportement des humains. J’espère que cet amour ne te blessera pas, et ne te laissera aucune cicatrice. Pourquoi refuserai-je de la rencontrer, si elle est tant importante pour toi ? »

J’avais donc visé juste. Je fis glisser la pierre de mes doigts, la laissant retomber autour du cou de Shiro, toujours en lui portant une oreille attentive. La concernée n’était donc pas informée de ses sentiments, je devrai donc faire attention à l’avenir en rencontrant cette femme et ne pas créer de malaise en évoquant ses sentiments. A mon tour, je me dirigeai vers l’une des fenêtres de la salle, apercevant les jardins de la guilde et la ville. Lorsque Shiro évoqua sa fille adoptive, je me retournais vers lui, m’adossant contre la fenêtre en croisant les bras.

« C’est difficile, de m’imaginer que tu as tant de responsabilité. Pour moi, tu es encore le gamin que j’ai rencontré il y a plusieurs années. Maintenant, te voilà « Père ». » Je m’arrêtais un instant, en réfléchissant avant de reprendre « ‘’Quand les gens réalisent à quel point ils se sentent seul dans leur coin, Ils commencent à devenir des gens bien ’’ … Cette phrase, c’est Mirajane qui l’avait prononcé, et recueilli dans un livre ancien. Peut-être que… si, elle dit vrai, alors moi aussi j’ai ma chance ? »

L’influence de Shiro, et sa présence, m’avait toujours permis de me remettre en question. Chaque pas en avant, était grâce à lui. Avais-je peur de me perdre moi-même en tentant de nouvelles expériences ? Au cours de ma vie, j’avais acquis tout un tas de connaissances sur divers sujets et souvent, le Maître me répétait qu’il était dommage de conserver ce trésor uniquement pour ma propre personne. J’étais capable de lui citer des chapitres entiers de livres historiques, de retracer une stratégie au détail près, et pourtant, à quoi cela me serait-il ? A chasser les papillons, très certainement. Sans même m’en rendre compte, un minime sourire amusé se glissa au coin de mes lèvres.

Sortant de mes pensées, je relevais de nouveau mon regard vairon vers Shiro.

« Y a-t-il une bibliothèque dans ta guilde ? Avant que nous ne partions rendre visite à celle qui fait chavirer ton cœur, j’aimerai m’y rendre. »