RP solo - Une semaine de galère [terminé]

Après avoir écouté la demande du client de l’hôtel, Hadrian s’est dirigé vers une auberge d’apparence bien moins accueillante que l’hôtel de luxe qu’il venait de quitter. Il commanda un repas et réserva une chambre pour la nuit car il savait que malgré de la chaleur la journée même en hiver, la nuit était particulièrement rude dans cette zone désertique. Enfin c’est ce que lui avait rapporté l’un de ses codétenus. Il mangea tranquillement avant d’aller se coucher.

Le lendemain matin, il se leva de bonne heure regarda le bout de papier que lui avait donné l’homme rencontré à l’hôtel avant d’aller prendre son petit déjeuner. Les caisses d’alcool doivent arriver à Azonia le 2 janvier soit dans cinq jours. Il a plutôt le temps. Le mage passa à la gare après manger, se disant qu’il pourrait en profiter pour voir un peu du pays. Après tout, il y a beaucoup de trains qui ne mettent que quelques heures à relier les différentes villes. A partir des données du panneau d’affichage, son choix se porta sur un train pour Hôsenka avec un départ à 18h. Avant ça, autant aller voir ce que donne le désert des Rocailles.
Hadrian sortit donc de la ville par l’Est pour se diriger vers les sables caillouteux ou plutôt l’inverse du désert. Comme il s’y attendais, c’est … désert. Mais il n’est qu’à la sortie de la ville. Il ne va pas extrapoler tout de suite sur si c’est intéressant ou non simplement en regardant ce que l‘on peut voir sur des cartes postales. Il s’enfonça plus profondément dans les amoncellements de sable et de cailloux faisant attention quand même à ne pas trop s’éloigner histoire de ne pas se perdre. Il avait déjà un avantage. L’hiver était là. Et donc, malgré la chaleur plus importante qu’ailleurs, il ne fait pas assez chaud pour se coltiner des mirages. La chance !

Après une bonne heure de marche, il s’assît en haut d’une dune pour boire dans la gourde achetée à l’aubergiste. Mais une douleur à la fesse droite le fit se relever immédiatement. Il venait de s’asseoir sur le seul caillou pointu à des kilomètres à la ronde. Il frotta sa "blessure" lança le caillou à une bonne distance avant de se rasseoir. Le paysage autour de lui était … rocailleux. Logique. Il ne pouvait pas dire qu’une étendue de cailloux et de sable c’est beau. Mais le silence qui y règne, simplement hachuré par le souffle de vent, associé à la chaleur ambiante c’était plutôt agréable. Il s’allongea pour profiter pleinement du soleil qu’il n’avait pas vu beaucoup en Fiore centre depuis que l’hiver s’est installé pour tomber nez à nez ou plutôt nez à museau avec un chacal. Qui lui lécha le visage. Hadrian s’est rapidement relevé à la force de ses abdominaux pour s’essuyer donnant au passage, par inadvertance, un coup de boule au chien sauvage qui s’empressa de hurler en se mettant sur la défensive. Cinq autres silhouettes apparurent derrière les dunes tandis que des vautours commençaient à tourner au-dessus de la zone. Dans les yeux d’Hadrian on ne pouvait lire qu’une chose, du dépit, son masque habituel était tombé. Il se retourna et commença à courir comme un idiot lorsque quelque chose de visqueux lui tomba sur le visage : une fiente de vautour.

C’est bon il en avait marre. Il dégaina son mousqueton et tira en direction du vautour qui s’écrasa au sol quelques mètres plus loin. Il essuya la fiente sur son visage et la nettoya avec de l’eau avant de se retourner vers les canidés. Son visage était totalement impassible. Il était énervé et il avait de quoi se défouler. Habituellement, les chacals s’attaquent aux charognes tout comme les vautours mais là apparemment, ceux-ci avaient clairement très faim. Il s’approcha de celui le plus proche, les mains dans les poches, avant de lui coller un coup de pied en pleine face. Le canidé s’écroula au sol tandis que les cinq autres l’encerclaient.

-Quelle journée de merde !

Hadrian tapotait le sol avec la pointe de son pied fulminant de colère et d’impatience. Voyant que les chacals n’attaquaient pas, il se dirige vers l’un d’eux qui subit le même sort que son prédécesseur. L’un attaqua par derrière et se pris le dos du poing d’Hadrian qui s’est retourné en balançant son bras de toutes ses forces. Un quatrième le mordit au bras. Heureusement qu’il avait sa veste qui empêcha les crocs de se planter. Par contre le bestiau avait une sacrée pression dans la mâchoire que le mage fit cesser en enfonçant son genou dans ses côtes. Un seul restait debout.

-Et aller une veste à changer !

Le dernier des adversaires du mage de vent se rua sur lui. Hadrian évita le canidé, le ceintura et le mordit le plus fort possible au flanc avant de le relâcher. Le canidé couina et partit en courant la queue entre les jambes. Hadrian profita du reste de la journée pour se calmer et finir de se laver le visage grâce à une partie de l’eau de sa gourde.
Lorsqu’il rentra de sa "balade", il était éreinté. Le ciel commençait à se voiler lui indiquant qu’il lui fallait presser le pas s’il ne voulait pas rater son train. Il pressa le pas malgré sa réticence au fait de ne pas prendre son temps et arriva sur le quai juste à temps pour … rater son train. Pas grave, il attendrait le prochain mais il s’était dépêché pour rien … quelle idée stupide. Il s’affala sur le sol contre l’un des murs de la gare avec la grâce d’un pachyderme bourré pour attendre le prochain train en direction d’Hôsenka pour … on verra ça plus tard. Tout ce qu'il espérait c'est une journée tranquille.

Après quelques heures de train, Hadrian est arrivé dans la ville d’Hôsenka. Ne prenant même pas le temps de regarder quoique soit, en même temps dans la nuit ce n’est pas très pratique, il se rendit dans une auberge près de la gare pour manger et dormir en espérant que la journée de demain serait meilleure que celle d’aujourd’hui.

Il se réveilla le lendemain matin à l’aube et en profita pour aller faire quelques foulées en ville. Les rues étaient presque vides à l’exception des quelques marchands qui montaient leurs étals pour le marché. Il fit cinq kilomètres pour ne pas trop se fatiguer non plus puis rentra à l’auberge faire quelques étirements et méditer. Du moins c’était son intention première. Il se rendormit cinq minutes à peine après avoir commencé sa séance de méditation. Il se réveilla une heure plus tard.

-Haaaa ! J’ai bien médité.

Il prit une douche, et son petit déjeuner avant de se diriger vers la gare. Pour avoir le temps de visiter tranquillement la ville, son choix se porta sur un train en direction de Malba à 14h puis un second pour Azonia, traversant les montagnes Cigüe, avec un départ demain à 16h. Après avoir noté ces horaires, il se dirigea vers le centre-ville. Il y avait beaucoup plus de monde que tôt ce matin mais principalement des personnes d’un certain âge venant faire leurs achats. Il se promena avec les anciens entre les étals du marché lâchant un bonjour par-ci et discutant un petit peu par-là. Hadrian appréciait particulièrement les personnes âgées parce qu’elles ont toujours quelque chose à raconter qui s’avère souvent instructif pour plus tard.

Après quelques heures de discussion intense sur la politique du royaume, le mage de vent quitta les étals du marché pour aller visiter les rues recommandées par les habitants. La journée commençait bien du moins pour l’instant. A peine avait-il pensé ça qu’un gamin le heurta de plein fouet. Il tenait dans ses bras un sac et était poursuivi par un groupe de jeunes. Le gamin se réfugia derrière Hadrian.

-Et aller début des emmerdes !

-Eh ! Toi ! Donne-nous ce gamin ou on te défonce toi aussi !

Celui qui venait de parler était en tête du groupe et avait l’air passablement énervé.

-Bonjour déjà. Ensuite tu ne va défoncer personne. Et pour finir, il a fait quoi ce gamin ? Il vous a volé votre pâtisserie ?

-Non, le sac qu’il a dans les bras. Et arrête de ma parler comme à un idiot !

-Mais c’est mon sac ! Vous me l’avec volé avant-hier !

-Peut-être mais on ne vole pas un voleur !

Hadrian était atterré par la stupidité de la phrase qui venait d’être prononcé par le malfrat. Bon le gamin avait juste voulu récupérer ses affaires par contre les autres méritent une petite correction. Il enchaina en s’adressant aux malfrats tout en applaudissant bruyamment.

-Voler un enfant. Eh bien, c’est vos mamans qui doivent être fiers de vous sur leur trottoir.

Il ne fallait pas plus de dix points de QI pour comprendre ce que le mage voulait dire. Mais les membres du groupe se regardèrent sans comprendre et le plus vif d’entre eux regarda Hadrian, vert de rage, au bout de plusieurs dizaines de secondes.

-Tu viens d’insulter nos mères là !

-Naaaan, sérieux, tu es un peu lent à la détente.

Le premier lui fonça dessus comme un sanglier. Le mage l’évita et lui mis une balayette qui le fit s’écraser face contre terre deux mètres plus loin. Il n’y a pas à dire, insulter les mamans c’est très efficace pour énerver les gens mais encore une journée tranquille de gâchée par des idiots. Décidément les galères s’enchainent. Les trois autres firent de même pour subir le même sort que leur collègue. Décidemment se battre n’était pas leur fort. Il leur colla un aller-retour chacun et leur fit promettre de ne pas recommencer. Leur chef se montra insolent et reçut deux allers-retours supplémentaires avant de plier. Le gamin repartit avec son sac et les autres dans la direction opposée. Suite à ça Hadrian repris sa balade avant de prendre son train pour Malba.

Le train arriva à Malba vers 14h30. Hadrian profita de l’après midi pour visiter la ville et de la soirée pour méditer. Il avait prévu de s’entrainer le lendemain et avait donc besoin de se concentrer. La nuit passe et le mage se réveille, s’habille et prends son petit déjeuner avant de se diriger vers la forêt Mikage à l’Est de la ville. Il marcha une petite heure profitant du calme entrecoupé de chants d’oiseaux avant d’arriver dans une petite clairière. Le vent d’hiver était froid mais Hadrian retira sa veste. Il se plaça debout au milieu de la clairière, ferma les yeux et concentra sa magie pour faire apparaitre un cercle magique devant lui.

Habituellement, il manipule simplement le vent autour de lui et ses sorts ne nécessitent pas de cercle. Mais pour celui-ci, il en avait besoin d’un. Une fois le cercle apparu, il traça le diamètre du cercle avec ses doigts. Une lame de vent part du cercle pour s’évanouir quelques centimètres plus loin dans un "pchit" ridicule. Hadrian réessaya à plusieurs reprises sans pour autant faire mieux. Et le "pchit" qu’il entendait à chaque fois commençait sérieusement à l’agacer. Il tenta encore une fois. "Pchit". Et une dernière. "Pchit". Mais cette fois, un autre bruit attira l’attention d’Hadrian qui se retourna.
Un vieil homme était assis sur une souche et se fichait ouvertement de sa figure. Il s’adressa alors au jeune mage.

-Ce n’est pas en essayant toujours la même chose que ça va marcher. Et faire des grands gestes ne va pas t’aider.

Sans même bouger le petit doigt, un cercle magique apparut au-dessus du vieil homme et un arbre de l’autre côté de la clairière s’effondra, tranché en deux.

-Voilà, ça c’est une lame de vent. Approche. Si tu n’y arrives pas c’est qu’il doit y avoir une raison.

Hadrian s’approcha du vieil homme qui lui demanda de recommencer. Il s’exécuta et à l’entente du "pchit", il s’énerva et le vieux éclata de rire.

-Mets y plus de puissance !

Le jeune mage réessaya, concentrant cette fois ci plus de magie dans son cercle magique qui se brisa tout simplement. Le vieil homme le regarda en soupirant et leva les yeux au ciel.

-Les jeunes sont vraiment trop pressés quand il s’agit de magie. Tu manque de puissance et de maitrise. Commence déjà par gagner en puissance avant de concentrer ta magie. Le vent n’est pas aussi malléable que l’eau ou la terre, il est déjà nécessaire d’avoir certaines connaissances pour le maitriser correctement. Reviens me voir quand tu auras pris du niveau et je t’apprendrai peut-être deux ou trois choses sur la magie.

Le vieil homme se leva et partit en direction de la ville sans faire le moindre bruit. Hadrian retourna au milieu de la clairière et s’assit en tailleur. Pour gagner en puissance, il n’allait pas avoir le choix. Il lui faudra se battre, s’entrainer et méditer. Ce n’est pas sorcier comme méthode. Ce qui l’agaçait par contre, c’est que cela faisait plusieurs mois qu’il s’entrainait pour maitriser un sort qu’il ne pouvait réussir.

Il passa le reste de la journée à méditer sérieusement et prit son train à 16h direction Azonia.

Pour que le train ne gèle pas dans les montagnes Cigüe, le conducteur a dû accélérer et un ravitaillement en énergie a été nécessaire à quelques kilomètres de la gare. Certains ont décidé de finir le trajet à pieds mais le mage a préféré attendre et se reposer. Au vu des galères des trois jours précédents, il ne s’attendais à rien de bon. A chaque fois, ce genre d’enchaînement de problèmes se terminait en apothéose et cette fois, ça sentait la merde à plein nez. La merde ? Hadrian se retourna. Derrière lui, sur les sièges vacants, une famille avait laissé une couche pleine sur l’un des fauteuils et elle empestait. Il la prit du bout des doigts et la jeta par la fenêtre du train avant de changer de wagon.

Le train qu’avait pris Hadrian arriva en gare d’Azonia aux alentours de 23h avec plusieurs heures de retard. Il s’empressa de trouver une chambre pour la nuit et partit se coucher sans manger. Aucun restaurant n’était ouvert à cette heure ci et, à part pour picoler, les bars ne servent plus personne. Il se réveilla le lendemain matin à 8h, fit un peu d’exercice physique avant de prendre un copieux petit déjeuner pour compenser le repas sauté de la veille. Il prit sa douche et s’habilla avant de sortir. Le ciel était plutôt dégagé, enfin pour le moment. Hadrian décida donc de visiter un peu la ville et passa devant l’un des fameux centres pour le passage des rangs les plus élevés. Les mages présents autour n’avaient pas l’air commodes. Sans doute étaient-ils stressés pour leur test. Quelle idée !

Après plusieurs heures de vadrouille, Hadrian se décida à partir visiter la fameuse forêt de Burana et son sol pourri. Quelques nuages commençaient à s’amonceler dans le ciel sans pour autant laisser présager qu’il y aurait de la pluie dans la journée. Arrivé devant la forêt, la première chose que se dit le mage de vent est que cette forêt ne méritait vraiment pas son titre. Elle ressemblait, surtout en hiver avec tous les arbres morts, plus à un marécage qu’à une forêt. Il s’aventura dans cette zone et tourna plusieurs heures, marchant dans la boue et chassant les diverses bestioles de ses chaussures … qu’il devra changer. A peine avait-il trouvé un endroit à peu près au sec que la pluie commença à tomber. Il voyait la ville au loin mais il devra marcher dans des marécages ce qui n’est JAMAIS une bonne idée, particulièrement dans ces conditions. Il choisit de retourner en ville par le chemin le plus rapide : la ligne droite. Mauvaise idée. A peine avait-il fait cent mètres qu’il se retrouva embourbé jusqu’aux genoux. Ce n’était pas du désespoir que l’on pouvait lire dans ses yeux mais plus de la résignation.

-Et de quatre.

Il soupira bruyemment. Il avait déjà entendu parler des sables mouvants. Moins on bouge, mieux on se porte. Il resta donc planté comme un idiot à un mètre du bord, sans branche pour se tirer et sortir de là. Il dû attendre deux bonnes heures ainsi qu’un mage se décide à passer par là pour pouvoir se sortir de ce pétrin.
Il avait les jambes engourdies et il se dépêcha de retirer les sangsues qui laisseront des traces pendant au moins quelques semaines. Il remercia le mage du mieux qu’il pouvait avant de retourner à l’auberge pour prendre un bon repas chaud et une douche bien méritée.

Demain, il devra aller récupérer les caisses d’alcool chez le commanditaire mais avant, se racheter un pantalon et des chaussures décentes est impératif.

Hadrian se réveilla aux alentours de 7h du matin. Il fit quelques exercices physiques et magiques avant d’aller prendre une douche. C’est aujourd’hui qu’il doit récupérer les caisses d’alcool chez l’expéditeur. Il ressort le bout de papier sur lequel est notée sa mission. Les caisses doivent arriver via un train de marchandise à 14h à la gare de Burana et lui seront remises à la simple présentation du papier sur lequel figure la signature du commanditaire. Il se rhabilla avec les vêtements de la veille fraichement revenus du pressing mais malgré cela, la partie basse de son pantalon et ses chaussures sont fichues. Sans parler de la manche de sa veste abimée par le coyote. L’heure de récupération l’arrangeait, il aurait ainsi le temps de se racheter des vêtements. Un mal pour un bien puisqu’il aurait, dans tous les cas, eu besoin de vêtements plus chauds pour rentrer à Crocus par les montagnes Cigüe comme il l’avait prévu. Les paroles du vieil homme de la forêt Mikage lui revinrent en mémoire et un rictus amusé apparu sur son visage. Cette journée, malgré le fait d’avoir appris qu’il s’entrainait depuis plusieurs mois pour rien, de s’être fait parler comme à un enfant et ficher de sa figure avait finalement été la moins désagréable de la semaine. Mais il allait suivre les conseils de l’ancien.

Il se dirigea vers une boutique de vêtements pour homme avec une vitrine aguicheuse. La patronne était derrière le comptoir et l’accueillit avec le sourire. Il se dirigea sans grande difficulté dans la petite boutique et après une bonne heure de recherches et essayages, il trouva son bonheur. Un pantalon noir droit double couche, des bottes fourrées, noires également et une veste triple épaisseur avec une capuche en poils de loup noir. L’addition fut salée, mille deux cent joyaux pour ses trois achats. Il paya sans rechigner, jetant au passage ses anciennes chaussures, sont pantalon et sa veste avant de retourner dans la rue. Un vent froid balaya la rue et il se rendit compte de l’efficacité de ses achats. Il opina du chef avant de se rendre, après quelques minutes de recherche, dans une petite boutique de magie dans une rue annexe.

Il y avait de tout et n’importe quoi dans cette boutique. Le mage repéra des livres, des lacrimas de communication et même des parchemins qui, au vu de leur disposition en vrac et de leur prix dérisoire devaient être des faux. Il ressortit et choisit à la place de se rendre à la boutique du centre d’entrainement quitte à ce que cela lui coute plus cher. Il racheta deux balles simples pour son mousqueton à douze joyaux et ajouta à ses achats un livre d’Histoire qui lui tapa dans l’œil à cent joyaux. Il sortit du centre et se rendit dans un café. Avant d’entrer, une soudaine envie de fumer lui vint. Il sortit une cigarette de son paquet et fuma. Il n’y a pas à dire, c’est bien meilleur que celles qui circulent en prison. Il entra ensuite dans le café et s’assit à une table. Une jolie serveuse vint lui servir un café. Il la remercia, souillant légèrement avant de se concentrer sur le livre qu’il venait d’acquérir. Il commença à le feuilleter, passant la préface de l’auteur qui ne l’intéressait guère. Au bout de deux heures de lecture, il rangea son livre et commanda un repas. Il mangea et se rendit à la gare pour y être une petite demi-heure en avance. A 14h pile, une information annonça que le train avait quinze minutes de retard. Les initiales « S.N.C.F » arrivèrent en tête d’Hadrian qui, ignorant totalement la signification de cela l’oublia immédiatement. Il attendit et récupéra ses les trois caisses. Il se fit un sac à dos de fortune avec le chariot de transport et des sangles avant de partir pour les montagnes Cigüe.

Pour l’instant, la journée se passait bien. Il espérait que cela durerait de se dirigea vers le chemin de randonnée censé mener à Crocus à travers les montagnes. Au bout de quelques heures de marche, la nuit tomba soudainement mais ce n’était pas cela qui l’inquiétait. C’était calme, trop calme. Pour vérifier, il activa sa magie pour tenter de contrôler les vents alentours … mais il n’y arriva pas. Pas une seule petite bourrasque ou souffle de vent aux alentours. Il savait ce que cela voulait dire. Il n’aura pas le temps d’atteindre le refuge. Il chercha une grotte ou s’abriter lorsque le premier coup de vent lui glaça le sang malgré ses vêtements épais. Un flocon, deux flocons, trois flocons … La neige se mit à tomber en abondance alors qu’il trouvait un abri. Puis les vents se déchainèrent. Il se retrouvait de nuit, au beau milieu d’une tempête de neige, avec deux jours pour atteindre Crocus. Quelle poisse !

Hadrian s’allongea sur le sol de la grotte dans l’objectif d’y passer la nuit, en espérant que le tempête sera finie à son réveil. Il s’endormit au bout de quelques minutes et se réveilla à une heure qui lui inconnue. La tempête soufflait toujours dehors mais il n’avait pas le choix, il devait avancer. Le vent s’était déjà un peu calmé par rapports à hier mais on ne voyait pas à deux mètres. Au moins, l’épaisseur au sol n’était pas suffisante pour passer par-dessus ses bottes et c’était un avantage de taille.

Il commença à avancer dans la direction de la flèche qu’il avait tracé préventivement la veille sur le sol de la grotte. Il prenait ses précautions histoire de ne pas tomber dans une crevasse ou se tordre la cheville sur un caillou caché. Ce n’était vraiment pas le moment pour ça. Pour tâter le sol avant son passage, il avait déchargé son mousqueton et se servait de la crosse comme canne. Comme ça, il n’y avait aucune chance qu’il déclenche une avalanche et tirant un coup de feu. Il marchait depuis quelques temps lorsqu’il tomba sur un panneau. Il avait énormément de chance de se retrouver sur le chemin. Il déblaya le panneau pour lire ses indications.

Le haut du col qu’empruntait le chemin se trouvait à deux cent mètres et avec lui le refuge. Arrivé devant l’imposante bâtisse en bois, il monta les marches de la terrasse abritée pour se retrouver devant l’entrée. Il se secoua pour enlever un maximum de neige, retira celle de sa cargaison et entra. Le refuge était presque vide. Un groupe de trois mages, probablement en mission, discutaient stratégie autour d’une choppe et le gérant était avachi dans un fauteuil derrière le comptoir. Il se leva en voyant Hadrian entrer et se diriger vers le bar. Il déposa son fardeau à sa droite et s’assit sur l’un des hauts tabourets alignés devant le comptoir.

-Encore un mage c’est ça ? Vous êtes complètement allumés de sortir en montagne par un temps pareil.

Hadrian haussa les épaules, commanda un plat chaud accompagné d’un grand café brulant et répondit au barman.

-Vous savez, quand on a une mission, on la fait. Le client n’en a rien à faire des difficultés que l’on rencontre sur la route. Particulièrement pour des livraisons.

Il tapota sur la bâche recouvrant les caisses.

-De toute façon je m’arrêtais juste boire un café et me réchauffer. Je repars dans une petite heure. En parlant de ça, vous savez quelle heure il est ?

L’homme regarda sa montre et lui indiqua qu’il n’était que 8h du matin. Il tenta de le dissuader de partir mais Hadrian refusa de rester plus longtemps, préférant terminer sa mission dans les temps.

La suite du chemin fut un peu plus tendue. Le chemin étant en descente, le mage de vent glissa plusieurs fois se retrouvant sur les fasses dans la neige. Il ne pouvait même pas râler. Un professeur de randonnée qui s’était retrouvé en prison pour homicide involontaire suite à la mort de dix de ses élèves dans une avalanche, lui avait dit que le moindre bruit était amplifié et risquait de déclencher une avalanche, principalement lorsque la neige était fraiche. Il se doutait qu’il y avait un peu de paranoïa et d’exagération dans ses paroles mais il ne préférait pas tenter le diable.

La tempête s’arrêta en début d’après-midi. La neige continuait de tomber en abondance mais au moins, on y voyait quelque chose. Enfin quand je dis y voir, c’est une grande étendu blanche parsemé de taches grises, pics rocheux non recouverts totalement par la neige. Il pouvait déterminer dans quelle direction il allait uniquement grâce au Soleil qui pointait le bout de son nez à travers les épais nuages lorsque l’envie lui en prenait. Il avançait plein Sud passant à travers les pics rocheux et les crevasses, tantôt quittant le chemin sans s’en rendre compte, tantôt le retrouvant avec surprise en voyant un panneau.

Il marcha ainsi pendant des heures qui lui parurent beaucoup plus longues que d’habitude. Il n’y avait pas âme qui vive. Et seul le bruit du vent venait couper le silence pesant qui régnait. Il continuait à avancer lorsque quelque chose, ou plutôt quelqu’un attira son regard. Il n’était pas seul dans ces montagnes. Il espérait juste que ce n’était pas un bandit sinon, il aurait juste à lui faire la tête au carré. Il s’approcha de la silhouette en faisant de grands mouvements avec ses bras mais celle-ci disparu purement et simplement. Il s’arrêta, surpris, avant de sentir une pression au niveau de son épaule.

-Qui est-tu et que fait tu ici ?

Hadrian se présenta machinalement et, sans tenir compte de l’épée pointée sur lui tenta de se retourner … pour ne rien voir. La personne était toujours derrière lui. C’était plutôt effrayant mais Hadrian garda son sang froid et répondit à la seconde question, à savoir, ce qu’il faisait ici en profitant pour demander sa direction au fantôme. Entendant les explications du mage de vent, l’autre rangea son épée dans son fourreau. Hadrian se retourna pour se retrouver face à un homme masqué. C’était assez louche mais après tout, tous les gouts sont dans la nature. La personne avait toujours l’air sur ses gardes. On l’entendait à sa voix, mais moins depuis qu’Hadrian avait donné son rang. La personne lui indiqua la direction et le mage de vent se retourna, poursuivant sa route. Il voulut remercier l’inconnu mais il avait disparu. Il s’avança dans la direction indiquée et aperçut Crocus en contre bas. Il pourrait faire sa livraison dans les temps.

L’inconnu avait par contre titillé son attention. Il était vraiment louche et avec la semaine qu’il venait de passer, il s’attendait à quelque chose de gros. Il ne savait pas encore quoi mais ça sentait mauvais. Il haussa les épaules, gardant ses appréhensions pour lui, et avança en direction de la ville.

Ça y est, Hadrian était enfin de retour à Crocus. En ce début de soirée, il préféra prendre une chambre pour la nuit et un bon repas plutôt que de livrer l’alcool aujourd’hui même. Après tout, il est stipulé dans la demande que la livraison doit être fait au plus tard dans la journée du 4 janvier et nous sommes le 3. Il passa donc la nuit dans une auberge miteuse de l’extrême Nord-Ouest de la ville après un bon bain chaud et un repas gargantuesque.

Le lendemain matin, il prit une bonne heure pour méditer avant de se rendre sur le lieu de livraison. Il s’agissait d’un bar appelé « La vieille guerrière ». La façade en briques et bois rendait assez bien et était dans la continuité des autres bâtiments. Une clochette tinta alors qu’il entrait dans l’établissement. Malgré l’heure matinale, quelques personnes étaient déjà en train de boire mais il n’y avait personne au comptoir. Il demanda clairement et distinctement la gérante du bar qui se présenta à lui. C’était une femme très mais alors très imposante d’environ deux mètres de haut pour un mètre cinquante de large. Un véritable colosse. Il se présenta avant de remettre la cargaison accompagnée de l’ordre de mission. La gérante le remercia de sa voix rocailleuse et lui donna la récompense prévue avant de retourner derrière le comptoir.

Hadrian était sorti pensant avoir terminé sa journée mais à peine avait-il fait deux pas à l’extérieur qu’il fut retourné et il se pris un coup de poing dans le ventre. Il tomba à genoux au sol, crachant et se tenant le ventre. Il regarda le visage de son assaillant et l’enregistra. Il le ferait payer c’est sûr. Il se prit un coup de pied d’une violence inouïe en plein visage et tomba dans les pommes.

Il se réveilla dans une geôle quelques heures plus tard avec une forte douleur à la mâchoire et un mal de tête pas croyable. Après quelques minutes, il réussi à se lever et il se dirigea vers la grille. Il appela les gardes qui vinrent quelques secondes plus tard.

-Qu’est-ce que je fais en prison alors que je viens de me faire agresser ?
-Vous mentez ! Igor nous a dis que vous aviez tenté de le voler et qu’il vous a en conséquence envoyé au tapis.
-Igor ? Igor ? Laissez-moi deviner. Un mètre quatre-vingt-dix, la mâchoire carrée, un tatouage sur la tempe et des cheveux gras ?

Le garde acquiesça. Hadrian fouilla ses poches et, ne trouvant rien, demanda où étaient ses effets personnels. Ils lui dirent que son arme, sa poudre, ses balles, son briquet, ses cigarettes, et cætera sont dans la salle de stockage dans une boîte à son nom. Mais quand il demanda où était son argent et la récompense récupérée plus tôt, ils lui répondirent qu’il n’avait rien d’autre sur lui. Hadrian soupira.

-Appelez-moi Irving.
-Irving ?
-Votre supérieur ! Le capitaine Irving bande d’idiots !

Ils partirent chercher le Irving en question qui fut bien surpris de trouver Hadrian ici.

-Bah alors ! La prison te manquait ? Tu sais si tu voulais me voir pas la peine de te faire arrêter !

Hadrian lui serra chaleureusement la main avant de lui expliquer la situation. Irving soupira et lui dit qu’il s’occupait de tout. Hadrian s’assit au fond de la cellule et s’endormit sous le regard surpris des gardes.

Quelques heures plus tard, il fut réveillé par le bruit de grilles qui s’ouvrent. Il entrouvrit un œil et vit un garde qui s’avançait vers lui avec ses effectifs personnels.

-Vous êtes libre. Le capitaine a résolu l’affaire pendant que vous dormiez.

Hadrian n’en attendais pas moins d’Irving. Il fut raccompagné à la sortie par les gardes croisant sur le chemin les fameux Igor, menotté cette fois-ci, ce qui fit sourire intérieurement Hadrian. Sa mission réellement terminée cette fois-ci et ayant récupéré son argent, il se rendit à nouveau dans l’auberge pour réserver sa chambre pour deux nuits de plus.

Nous nous situions deux jours avant l’attaque.