[Terminer] Une rencontre avec une ancienne connaissance PV [Lyriah Kurona]

Crocus, un marché incontournable et remplis d’opportunité, de part ses nouveaux visiteurs toujours bien équipés. C’est ce qu’il me fallait, ce genre de personne, afin de satisfaire mon égo. Habituée des lieux, certains marchands et marchandes n’hésitaient pas à m’interpeler soit pour discuter, soit pour me présenter leurs nouveaux stocks. Parfois, certains même m’offrait divers bibelots, car « elle a l’air si malheureuse cette petite » … Je ne comprenais pas, mais je me satisfaisais d’accepter, sans réellement vouloir apprendre ce qu’ils pensaient par là.

Dans la foule, un jeune garçon parmi tant d’autre attira plus mon regard. Ses armes semblaient d’une grande valeur, et elles me plaisaient plutôt bien. J’acquiesçais de la tête mimant d’écouter le marchand qui m’avait accosté en poursuivant du regard celui qui tentait tant ma curiosité. D’un signe de la main, je fis comprendre au marchand que je m’apprêtais à partir à la seconde qui suivait, rien d’étonnant, ils avaient amplement l’habitude avec moi.

De ce fait, tel un ombre qui racle les murs, je me mis à suivre avec attention ce jeune garçon, restant à plusieurs mètres derrière lui et, entre la foule, le cherchant à plusieurs reprises. Je n’étais pas très grande et le nuage vivant qui circulait dans la rue n’arrangeait rien. Sous ma longue cape noire et derrière mon masque, je distinguais les achats que l’homme réalisé avant de reprendre ma route.

Enfin, il prit le chemin d’une ruelle peu fréquenté. Je devais me contenter de le suivre de loin, discrètement à pas de chat. Je devais rendre inexistante ma présence. C’était le moment d’agir. Je pris une grande respiration avant de m’élancer dans une course en direction de l’inconnu, d’un geste rapide je réussis du premier coup à m’emparer de son sac. L’expérience me dira-t’ont. Et, sans me retourner, je continuais ma course en direction de la sortie de la ruelle. Le déroulement était parfait, j’avais toutes les chances de réussite de mon côté, si seulement la malchance ne m’avait pas frappé telle la foudre quelques secondes après.

Un homme, poussant une chariote remplit de tonneau eut la maladresse de le faire basculer au sol cause de la lourde charge qu’il transportait, de ce fait, les tonneaux qui tombaient un à un venait de me bloquer la route. J’étais faîtes comme un rat. Je me retournais, et le jeune homme avait eu le temps de me rattraper, plus rien ne nous séparer. Mes yeux vairons se plantèrent dans son regard au travers de quelques mèches de cheveux qui retombaient dessus. D’un geste calme, je lâchais le sac au sol me préparant à un éventuel sort de sa part.

Le vent qui s’engouffra dans la ruelle s’abattu sur la large capuche qui reposait sur ma tête et la fit redescendre derrière mon dos. Ma longue chevelure noir et ondulé, elle, s’écrasa sur mes épaules. Seul mon masque couvrait la moitié de mon visage désormais. Ce que je venais de faire était soi-disant « mal » et, si le maître était là, il m’aurait ordonné de m’excuser immédiatement mais… ce n’était pas encore un reflex pour moi. Silencieuse, je me contentais d’attendre ce que le destin allait me réserver.

Je levais légèrement la tête vers le haut, menton relevé sous la menace du bâton qui me menaçait. Il avait agi rapidement.

- Bon, tu vas le lâcher, pourquoi avoir pris mon sac ?

Le sac était au sol, mais je ne répondis pas à sa question. Je ne prenais la parole que très rarement, et ce n’est pas cette question qui changera la donne. Le vent continua de souffler en notre direction, et révéla mes yeux vairons cachés en dessous de ma frange. De là, mon regard vide se planta dans les yeux ambrés de l’inconnu. Je connaissais ce regard, et je n’eus besoin que de quelques secondes uniquement pour lui attribuer un nom. Il s’agissait de Shiro. Les retrouvailles sont souvent synonymes de joie, et pourtant, cela ne me faisait ni chaud ni froid. Comme toujours, je n’arrivais pas à mettre la main sur le moindre sentiment.

Calmement, l’un de mes bras se liquéfia en eau et passa à travers du bâton que tenait Shiro. Ma main se posa sur mon masque et le retira. Je laissais retomber mon bras le long de mon corps avant qu’il ne revienne à sa matière d’origine.

« Shi-ro » Prononçais-je d’une voix douce en marquant les deux tonalités de ce nom.

Ma voix laisser clairement transparaitre un léger affaiblissement, celui d’une voix trop peux de fois utilisée. La finalité était désormais de savoir si Shiro allait me reconnaitre après toute ses années qui s’était écoulées. J’avais toujours son départ en travers de la gorge, car ce jour-là, je n’étais pas présente. C’était bien l’un des seuls évènements m’ayant marqué. Néanmoins, il n’y avait pas une multitude de personne au regard bicolore tel que le mien alors…

C’était donc ça, le sentiment des retrouvailles, la joie. C’est du moins que Shiro me laissait imaginer. Je restais de marbre, comme à l’habitude, avant que des bruits métalliques ne se fasse entendre. Ces bruits, je les reconnaissais, c’était ceux des armures en maille de gardes. Je penchai légèrement mon corps sur le côté afin de voir derrière Shiro. C’était mal de se battre contre eux, alors je ne devais rien faire d’inutile. Mon attention repartir ensuite vers Shiro lorsqu’il évoqua une attaque, je fronçais les sourcils de manière interrogative. J’avais entendu cette expression plusieurs fois, mais jamais je n’en avais compris le sens. Le jeune mage de s’empressa de me prendre la main avant de se mettre à courir en direction d’un lieu sûr.

Un fois arrêter, je dégageais brusquement ma main de la sienne en reculant. Je ne connaissais pas non plus ces gestes, mais ils avaient dont de déclencher un mécanisme de défense en moi. Trop de fois je me suis faîte avoir depuis le début de mon départ, trop de fois certaines personnes ont voulu me mentir ce sur panel de geste physique.

Ce n’est pas pour autant que je ressentais quoi que ce soit, non, je me sentais toujours aussi vide.

Je mis plusieurs temps avant de prendre la parole, à chaque fois que je le désirais, j’avais un mal fou à faire sortir cette voix d’entre mes lèvres qui ne me servait que trop rarement.

« Il-Il a faillit mourir. Alors j’ai exterminé les « méchants » »

Cette annonce était d’un ton les plus naturel qui soit, et elle avait su glacer le sang de plus d’une des connaissances de « mon père ». Pour eux, je n’étais qu’une bombe à retardement avant de commettre l’irréparable, « C’est un danger, n’importe qui peux faire d’elle ce qu’il souhaite ! » répétait-il sans cesse alors que je me trouvais juste à côté. Ils ne faisaient pas la différence entre ma difficulté à empathie et à comprendre. Chose totalement différente.

Après m’être absentée je ne sais combien de temps dans ma bulle, je relevai enfin les yeux vers Shiro.

« Tu es partis sans dire aurevoir. C’est mal. »

Disais-je avant de lui répondre. Si c’est souvenir était bon, alors il devait déjà avoir entendu ce genre de phrase sortir de la bouche de « mon père », son maitre en l’occurrence, lorsque je quittais la maison sans ne rien dire. J’haussais au final les épaules pour sa proposition.

Je l’avais en un premier temps écouté, en analysant les tonalités de sa voix et ses airs expressifs pour tenter de reconnaître les successions de sentiment qui découlait de lui. Certains étaient plus évident que d’autres.  J’acquiesçais de la tête lorsqu’il me présenta à nouveau ses excuses, de toute manière, il fallait tourner la page même si j’avais abandonné beaucoup mes efforts d’empathie à son départ. Il me complimenta ensuite sur la magie de l’eau que je savais désormais maîtriser.

« Je n’ai pas eut le droit d’apprendre la dislocation. Je suis dangereuse. C’est ce qu’il a dit à voix basse à ses amis. » en parlant de mon « père ». « Parce que : ‘’Lyriah ne ressent rien’’. » continuais-je sans le moindre signe de tendresse ou d’affection à mes paroles.

Quelques minutes après, j’étais en route avec Shiro vers un salon de thé. Je n’avais pas décroché un mot en chemin, de ce fait, lui non plus. Surement attendait-il que nous soyons arrivés ? Dans tous les cas, cette situation m’arrangeait car je n’avais rien à dire ni à partager.

Shiro se mit assis le premier, d’un regard méfiant je regardais l’endroit où nous nous trouvions avant de finalement m’asseoir à la même table que lui. Aussitôt, je me mis à farfouiller les poches intérieures de ma cape avant de trouver ce que je cherchais.

Sur la table, je déposais un petit sachet en tissus fermé par un petit lacet, que je fis glisser jusqu’à Shiro. « Mon père » m’avait souvent dit « Garde le sur toi, peut-être qu’un jour tu le croisera ». Dans ce sachet se trouvait un collier orné d’une pierre précieuse verte émeraude. Cela faisait dès années que je le trainais sur moi aujourd’hui, à vrai dire, il avait été la cause de mon retard pour le départ de Shiro. Seulement l’ayant raté, je n’avais jamais pu lui donner.

Shiro se leva et me pris dans ses bras. Vint ensuite un baiser sur mon front. J’étais de marbre, une statue, rien de plus, rien de moins. Que devais-je faire ? Le temps que je trouve la réponse, Shiro s’était déjà écarté. Pas un sourire, rien. Juste un détournement du regard des plus banals, cherchant le serveur attendu. Une neutralité peut être absurde pour certain, pourtant, Shiro était la deuxième personne pouvait m’approcher de si près sans que je ne me sente persécutée ou même agressée. Un climat de confiance était installé depuis notre enfance et en demeurait la seule raison.

Peu après lui, je pris également commande lorsque le serveur m’interrogea. Ne connaissant pas l’endroit, j’avais opté pour la même décision que Shiro : un thé. Je me sentais mal. Je n’étais pas à ma place, et je savais que ma place n’était pas ici. Je n’étais pas de ce monde, pas de ces gens fréquentant ces endroits chics ou cosy. J’étais le loup dans la bergerie. Une question me fit sortir de ma réflexion. C’est d’un ton tout naturel que j’y répondis

« Je me suis entraînée. Beaucoup. Puis mercenaire. De jour, comme de nuit. De temps en temps… Et aujourd’hui, je vais là où le vent me guide. »

Les individus aux tables entourante les plus proches ne purent s’empêcher de tourner le regard sur nous. Des messes basses s’en suivirent. Avais-je fais une erreur d’en parler si ouvertement ? Mon ancien passe-temps n’était pas des plus légale qui soit, mais si personne ne le faisait, comment pourrions-nous atteindre l’Utopie ? Ce cercle vicieux, cependant, faisait de moi la méchante. Je m’étais rabaissais à des actes criminels pour réprimander les hors-la-loi. Le destin me fit ensuite comprendre que, ces idioties, mettait en danger la vie de mon « père », et depuis-ce, j’avais appris à me faire discrète.

« Et toi, Shiro, qu’à tu fais ? »

Je posais mes deux mains délicatement sur les extrémités gauche et droite de ma tasse de thé et doucement j’approchais mon visage de celle-ci pour souffler sur le breuvage encore fumant pour atténuer un peu la température. Les deux coudes posés sur la table, je levais la tasse tout doucement afin de l’approcher de ma bouche et j’y trempais alors mes lèvres avec prudence pour ne pas me brûler. J’écoutais Shiro parlait sans perdre une miette de ce qu’il disait. J’avais du mal à comprendre la facilité que les autres avaient à se faire des amis. J’en eu comme un pincement au cœur. La sensation d’être si facilement remplacée ne m’en laissais pas indifférente. Un poil trop possessive me disait mon père « Dans la vie, il faut savoir partager » répétait-il sans cesse pour briser ma carapace. Lorsque vint un nom féminin, je ne pus m’empêcher de remarquer que les joues de Shiro avaient légèrement pris un teinté rosé. Vint ensuite ses propositions.

J’étais arrivée à la moitié de ma tasse de thé. Avant de lui répondre, je la remis sur sa coupelle.

« Mh. Tu as vécu beaucoup de choses alors… Tu t’es fais des amis aussi. C’est une chance. C’est loin d’être la mienne mais, c’est mon problème, ça vient de moi-même. » acquiesçais-je d’un sourire ironique « Je suis contente pour toi. C’est ce qu’une personne normale aurait dit, alors je vais faire de même. »

Du bout de mon pouce et de mon index, je pinçais un petit gâteau dans mon assiette avant d’en prendre une bouchée.

« Il serait très heureux de te revoir. » Dis-je à propos de notre maître avant d’enchaîner sur la suite. « Je ne pense pas que de m’avoir à tes côtés te sera bénéfique. Membre ou pas, j’attire les ténèbres sous chacun de mes pas. M’avoir sous le même toit, c’est avoir des responsabilités bien au-dessus de ce que tu peux gérer toi. Désolée Shiro. Cette fois, c’est moi qui t’abandonne. »

Peut-être avais-je été trop franche, peut-être que mes paroles étaient englouties par l’amertume et par un soupçon de reproche sur la question de l’abandon mais elles étaient venues seules. Je ne savais peut-être pas non plus saisir la main que l’on me tendait, mais c’était finalement ma manière de me protéger de la déception.

J’hochais les épaules. Je ne savais pas vraiment si ses paroles étaient vraies. Je ne doutais pas de Shiro, au contraire, mais jusque-là, je n’avais pas eu preuve du contraire. Avoir une opinion de quoi que se soit me demandait énormément de travail afin d’y voir les divers points de vue existant. Je fixais ensuite Shiro, droit dans les yeux, avant que celui-ci ne se remette à sourire. Alors, sans même que je ne m’en rende compte, un léger sourire apparu sur mon visage.

Dans la même foulée, je venais de finir mon gâteau puis ensuite ma tasse de thé. J’hochais la tête à la proposition de Shiro. Je me demandais bien quelle serait l’expression du visage de notre maître en nous revoyant tout les deux.  Néanmoins, j’avais une certaine boule au ventre d’y retourner : comme toujours depuis ce jour. Je craignais que mes antécédents retombent de nouveau sur lui, et que cette fois, ce ne soit la fin. Même si depuis, j’avais sus me faire discrète, j’avais appris par le temps que la roue finissait toujours par tourner.

Je me levais alors de ma chaise, puis la repoussa sous la table. Je repris ensuite mon masque, que je rangeais dans mon sac. Cela allait être ’une des rare fois où je n’allais pas le porter en public. Aussitôt, je baissais la tête pour faire profil bas, je détestais le regard que les autres me jetait en apercevant mes yeux bicolores par curiosité. Le masque, la cape, c’était un moyen pour moi de me sentir en sécurité dans ma bulle.

Je ensuite tapotais mes poches afin d’y sortir une petite bourse en cuire contenant de l’argent et la déposa sur la table.

« Je t’attends dehors. Là-dedans, il y a assez pour nos deux commandes. »

C’est sans attendre la réponse de Shiro que je pris le chemin de la porte. A vrai dire, je ne savais pas combien j’avais donné exactement, il devait certainement y avoir plus que cela n’avait coûté mais plus j’évitais les contacts avec les inconnus, mieux je me portais. Arrivée dehors, comme dit plus tôt à Shiro, je m’adossais au mur de la devanture du salon de thé afin de l’attendre.